I. Partie historique du tabac
1. son origine
La culture du tabac a son origine en Amérique, il y a plus de 3000 ans. Dans l’Antiquité, le tabac était inconnu en Europe. Pourtant, les hommes brûlaient diverses herbes dont ils utilisaient la fumée pour soigner ou pour prier. En Amérique, les Indiens connaissent le tabac. Ils l’utilisaient lors de rituels pour la purification des adultes et pour entrer en communication avec le « Grand Esprit ». Le tabac était aussi utilisé comme plante médicinale, il apaisait les douleurs.
En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique et le tabac à Cuba. Il s’aperçoit que les Indiens fument une plante nommée « petum », sous forme d’un tube de feuilles roulées. Ils utilisent de longues pipes ou chiquent les feuilles de tabac.
Christophe Colomb raconte que les Indiens brûlent une plante avec de petits morceaux de charbon et en aspirent la fumée odorante ; d’autres utilisent des bâtons creux remplis de feuilles hachées ; d’autres encore fument des calumets, chiquent ou respirent une sorte de poudre. Il découvre aussi des « cultures » à Haïti (le « tabaco »), il l’importe pour la première fois en Europe. En 1500, Chabral trouve du tabac au Brésil et en 1515, Cortes en trouve au Mexique.
En 1493, le missionnaire espagnol Fray Romano Pane accompagne Christophe Colomb dans son 2e voyage au Nouveau-Monde, pour y convertir les habitants au christianisme. Il envoie du tabac à Charles Quint. L’Espagne choisit alors Cuba pour y faire pousser son tabac. Plus tard, quand le bateau accoste sur les côtes portugaises, l’équipage a pris pour habitude de consommer du tabac, dont il vante les mérites.
A la cour espagnole et portugaise, le tabac est longtemps utilisé comme simple plante d’ornement. Ce n’est qu’au milieu du XVIe siècle, que le médecin Personnel de Philippe II commence à propager le « médicament universel » : le tabac.
En 1520, des premières cultures « européennes » s’installent à Cuba et à St Domingue.
Les premières graines de tabac furent rapportées en Europe en 1520. Au Portugal, quelques années plus tard, le tabac était cultivé et utilisé comme une plante médicinale. En 1556, le moine Angoumois André Thevet ramène pour la première fois des graines de tabac en France.
En 1560, Jean Nicot était ambassadeur de France au Portugal. Celui-ci, voyant l’effet curatif de la plante, envoie de la poudre à la Reine Catherine de Médicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement a du succès, alors elle donna l’ordre de cultiver du tabac en Bretagne, en Gascogne et en Alsace. On l’appela alors « l’herbe à la Reine » ou encore « la Catherinaire ». La Reine utilisait le tabac sous forme de « prises ». La vente du « médicament universel », sous forme de poudre, est réservée aux apothicaires. En l’honneur de Jean Nicot, à partir de maintenant on appelle le tabac « Nicotina Tabacum ».
Cette herbe devint très populaire et toute la Cour se mit à l’utiliser. Certains opposèrent au tabac car ils y voyaient de la sorcellerie. La mode du tabagisme se répandit tout de même. Sous Louis XIII, le tabac est toujours consommé comme médicament en poudre, mais de plus en plus, on fume la pipe par plaisir.
Dans les autres pays, l’engouement est aussi rapide. Il apparaît en même temps en Angleterre, en Italie, en Allemagne, en Turquie, au Maroc, en Corée, au Japon, en Chine… Dès la fin du XVIe siècle, le tabac est connu dans le monde entier.
2. son utilité
Les premiers industries artisanales sont alors apparues à partir de tabacs importés « des Amériques ». Dès le XVIIe siècle, on ramasse des mégots de cigare et on les enroule dans du papier pour les fumer.
En 1629, le Cardinal de Richelieu instaure un droit de Douane (premier impôt sur le tabac) à l’entrée des tabacs qui, à cette époque, étaient encore importés du Nouveau Monde. Cette décision entraîne en 1637 de premières plantations en France, à Clairac (Lot-et-Garonne). Au milieu du XVIIe siècle, il y a déjà un grand nombre d’exploitations, surtout dans les vallées du Lot et de la Garonne, en Lorraine et en Normandie.
En 1674, sous Louis XIV, Colbert décrète « le Privilège de fabrication et de vendre ». Celui-ci est d’abord affermé à des particuliers, puis à la seule Compagnie des Indes (« la Ferme des tabacs »). La tabaculture devient alors un Monopole. Le privilège donné à la Compagnie des Indes s’arrête avec la banqueroute de Law. La liberté de fabrication et de vente revient, les droits de Douane aussi.
En 1719, la culture est interdite dans toute la France avec des condamnations qui peuvent aller jusqu’à la peine de mort, sauf en Franche-Comté, en Flandre et en Alsace. En 1720, le Monopole est rétabli.
En 1791, l’Assemblée Nationale déclare la liberté « de cultiver, de fabriquer, de débiter ». La nicotine est découverte en 1809 par un Normand, Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de Chimie à l’Ecole de médecine de Paris. Cet alcaloïde est appelé « nicotine » en référence à Jean Nicot.
En 1810, avec Napoléon Ier, est publié le décret de l’organisation du Monopole de la culture, de la fabrication et de la vente des tabacs (Monopole exploité par l’Etat).
Aujourd’hui, chaque année, l’état perçoit environ dix milliards d’euros de taxes issues de la vente du tabac.
En 2002, 80 milliards de cigarettes ont été vendues en France, ce qui représente un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros. En revanche, le coût social du tabac, l’ensemble des coûts supportés par la collectivité (dépenses de la santé, campagnes de prévention, perte de revenus et de production,...) est lui aussi estimé à dix milliards d’euros.
3. son développement
A partir de 1816, l’autorisation de culture est donnée, petit à petit, à quelques départements. Les premières cigarettes fabriquées de façon industrielle apparaissent en 1830 et c’est en 1843 que la première machine à fabriquer les cigarettes est inventée. Les cigarettes ainsi fabriquées vont peu à peu supplanter la chique et la prise, mais le tabagisme reste cependant beaucoup moins fréquent qu’à l’heure actuelle. Ce n’est qu’après la seconde Guerre Mondiale qu’il se développe de manière extraordinaire, gagnant peu à peu toutes les classes de la société.
Nous allons voir maintenant comment évolue le tabagisme en France.
Dans la population masculine, la proportion de fumeurs réguliers a baissé depuis les années 1960, passant de 45% à 35% aujourd’hui. En revanche, dans la population féminine, la proportion de fumeuses régulières a augmenté, passant de 10% à 22%. La différence hommes/femmes a fortement diminué. Chez les adolescents, le tabagisme est aujourd’hui aussi répandu chez les filles que chez les garçons.
En 1950, de premières études épidémiologiques prouvent la toxicité du tabac.